Productivité : êtes-vous un précrastinateur qui s’ignore ?

Les précrastinateurs sont à l’opposé des procrastinateurs : ils ont tendance à tout faire tout de suite. Pour autant, ce n’est pas forcément plus efficace que de tout remettre au lendemain…

Se jeter sur le travail afin de se libérer l’esprit. Si vous procédez ainsi à chaque nouvelle tâche qui s’accumule dans votre agenda, c’est que vous êtes un précrastinateur, soit l’exact opposé d’un procratinateur, celui qui repousse tout au lendemain. Cette tendance a été observée par le psychologue David Rosenbaum qui estime que les précrastinateurs réagissent à une forme de stress particulier : le coût mental des listes de tâches à accomplir.

Avec son équipe de recherche, le psy a mené une étude auprès de volontaires devant transporter un seau dans une allée et le déposer au bout du chemin. Les participants ont le choix entre deux seaux, un placé près d’eux mais loin du but, l’autre loin d’eux mais près du but. En toute logique, ils auraient intérêt à s’emparer du second pour ne pas faire un long trajet avec un seau. Or, la majorité choisit de transporter le premier seau sur une plus longue distance. Un choix irrationnel mais qui leur permet, selon David Rosenbaum, de rayer cette tâche « de leur ‘to-do-list mental’ le plus rapidement possible ». Et nous sommes nombreux à procéder ainsi : par exemple, « Cela se manifeste lorsque nous rangeons notre bureau avant de commencer le ‘vrai travail' ».

Ce n’est pas un problème en soi mais, comme la procratination, la précrastination ne fait pas (beaucoup) avancer les choses. Pour le précrastinateur, son agitation le conforte dans son idée d’agir. Mais, en fait il n’aura fait que déplacer son énergie sur des actions subalternes, sans réel intérêt. Pas de quoi non plus s’inquiéter. En effet, le précrastinateur est un perfectionniste en quête de reconnaissance et qui canalise ainsi son anxiété. C’est le salarié qui a envie de bien faire mais ne s’y prend pas forcément toujours bien… Mais comme il aura fait 50 000 tâches annexes avant de commencer la principale, le précrastinateur termine sa journée sur un goût d’inachevé, et stresse encore davantage. Car la précrastination masque notre procrastination : plutôt que de terminer le dossier urgent, le précrastinateur se noie à envoyer des mails à propos de tout mais surtout de rien, prévoie des brainstormings pour dans deux mois, etc. Comment lutter contre ce biais au travail ? Le psychologue conseille de fractionner ses missions en petites tâches qui paraissent plus réalisables rapidement et permettent de conforter les précrastinateurs dans leur volonté d’en faire le maximum.

 

Source : Cadreo – Janvier 2019